Le goût sucré des souvenirs, Beate Teresa Hanika


Une touche d'abricot, un soupçon de danse, et une poignée d'Histoire.

Quatrième de couverture: Elisabetta Shapiro, 80 ans, vit seule dans sa maison familiale au cœur de Vienne. De son enfance, elle a conservé des dizaines de pots de confiture d'abricot. Tous sont soigneusement étiquetés et indiquent l'année de leur fabrication. Véritable madeleine de Proust, la confiture fait immanquablement jaillir les souvenirs : les jours tranquilles rythmés par les chants de sa mère, Franz, le voisin dont elle était follement amoureuse, ses grandes sœurs qu'elle jalousait secrètement. Et puis la montée du nazisme dans les années 1930, l'arrestation de toute sa famille par les SS, la solitude et la perte des repères.
Quand Pola, une jeune danseuse, emménage chez la vieille dame, ses habitudes sont chamboulées. D'autant plus que Pola lutte elle aussi contre ses propres démons.
Malgré leurs différences, les deux femmes vont peu à peu se rapprocher et nouer des liens plus forts qu'elles ne l'auraient imaginé.
Nombre de pages: 262
Maison d'éditions: Les Escales
Année de publication: 2018
Elisabetta ouvre ses pots de confiture comme l'on ouvrirait un carnet pour se remémorer des souvenirs passés. Ces petits pots amoncelés ainsi que les abricots qui tombent au pied de l'arbre sont une preuve du temps qui passe et des moments vécus. Chaque pot sera ouvert avec soin, laissant remonter à la surface un souvenir glané, par-ci, par-là et ce sont ces souvenirs qui viendront rythmer le récit de la vieille dame.
Elisabetta Shapiro est une petite fille quand la guerre éclate, une petite fille juive qui plus est. Elle vit avec sa mère chanteuse d'opérette, son père médecin et ses deux soeurs plus agées Judith et Rahel. Tout au long du roman, Elisabetta n'aura de cesse de parler avec le fantôme de sa soeur Rahel, fauchée par la Gestapo.
A l'aube de sa mort, la vielle dame décide d'héberger des danseuses en leur laissant une petite chambre à l'étage. C'est comme cela qu'elle va faire la connaissance de Pola, danseuse au Konzerthaus de Vienne, surnommée "la fille" par ses soins. Car en effet, Pola est allemande. Comment l'accepter après tout ce que sa famille, fauchée par la gestapo, a enduré de la part des nazis ?

Les chapitres alternent entre les souvenirs d'Elisabetta et ceux de Pola. La première va touiller sa confiture d'abricots et laisser ressurgir les sentiments perdus et les émotions passées pourtant toujours aussi vifs. La seconde va nous raconter son histoire avec Rahel, ses premiers émois ainsi que la danse qui fait intégralement partie de sa vie.
Mais comment Pola peut-elle connaitre Rahel après tant d'année qui les séparent ? Qu'ont Elisabetta et Pola en commun ?

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Lorsque j'ai lu la quatrième de couverture sur le site des Escales j'ai su immédiatement que je devais lire ce livre en effet il m'attirait. La période de la Seconde Guerre Mondiale c'est mon dada. Mais à ce moment là, j'étais loin de me douter dans quoi je m'embarquais. Dès les premières pages je me suis sentie désemparée et perdue. Comment les personnages peuvent-ils se connaitre ? Comment la Rahel de Pola peut-elle être celle d'Elisabetta ? C'était impossible. Et ce sentiment a mis longtemps avant de s'estomper. J'étais dans le flou total, je lisais et parfois relisais quelques passages ne sachant pas si c'était moi qui avait un problème de compréhension ou si l'autrice me menait là où elle voulait, dans le noir complet.

Les pages s'enchaînant j'ai décidé de ne plus réfléchir et de me laisser porter. Je crois que c'était la meilleure solution ! J'ai pris l'histoire comme elle venait, les souvenirs d'Elisabetta frappant mon coeur et le récit de Pola m'embarquant dans des émotions riches en intensité.

Il m'a fallut attendre les toutes dernières pages pour enfin comprendre et dénouer le tout. J'ai d'ailleurs cru que je n'y arriverais pas et me suis demandée si je n'avais pas un déficit neuronal ! Mais non, tout s'est éclairé et alors là je dis chapeau l'autrice ! Beate Terea Hanika est tellement talentueuse, il en faut de l'adresse pour mener ainsi les lecteurs par le bout du nez ! C'est un véritable tour de force qu'elle réussit là. Son écriture poétique et sensible a su me séduire et m'a bouleversée.
J'ai posé ce livre, comme l'on poserait un bijou: avec délicatesse et admiration. "Le goût sucré des souvenirs" fera donc partie de ces très belle lectures de 2018..








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